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65 ème Congrès mondial du FIABCI au Luxembourg

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Du 20 au 22 mai 2014 avait lieu le 65ème congrès mondial du FIABCI, réunissant les principaux acteurs et décideurs mondiaux de l’immobilier, architecture, construction et business. Cette année les membres avaient choisi le Luxembourg pour organiser cet évènement international.

 

#1 Jeremy RIFKIN : Zero Coût Marginal, Internet des objets, Collaborative Commons et Troisième Révolution Industrielle

Conférence d'ouverture avec un plaidoyer de Jeremy RIFKIN pour la troisième révolution industrielle, titre de son avant dernier livre. L'ère du pétrole étant révolue, il milite pour un changement des consciences, indispensable à la préservation des conditions nécessaires à la vie de l’humain sur terre.

 

L'économiste - intellectuel, auteur de nombreux essais, explique que les prix des énergies actuelles étant volatiles, certains ont déjà compris la rentabilité à long terme de l'investissement dans les technologies liées aux énergies renouvelables.

Il insiste sur la nécessité d'un autre rapport au travail, aux objets et à la propriété par le partage, et cite l'exemple du Michigan, où la même mobilité a été maintenue avec 80 % de voitures en moins, évoquant jusqu’au partage d’énergie.

Dans son dernier livre Zero marginal cost society, il prône la réduction des coûts marginaux, qui s'accompagne la plupart du temps d'une réduction de l'impact environnemental. Depuis le début du millénaire, ce processus a commencé avec le partage de connaissances à coût zéro : wikipedia, youtube etc. De même, le super-internet des objets impactera bientôt le système des valeurs économiques. Enthousiasmant par son action en faveur d'une mise en réseau de tous et de tout, nécessitant toutefois une réglementation pour la protection de la vie privée et des données.

Jeremy RIFKIN rêve un monde non plus basé sur la géopolitique, cette ère étant révolue, la nouvelle génération est selon lui constituée de créateurs d'entreprise conscients de l'empreinte écologique, plutôt que l’assujettissement à des normes. Chaque nouvelle construction devrait intégrer les éléments d'économie d'énergie (isolation 40 cm, intégration d’énergies renouvelables etc).  Dans le cas contraire, ils devront réadaptés à ces exigences dans les décennies à venir, impliquant un coût bien supérieur. Tel est le rôle des acteurs de la construction et de l'immobilier.

Le bâtiment perd son caractère statique pour devenir un centre de gestion des ressources, un nœud intelligent constitué d'infrastructures reliant humains, objets et données.

De ce système que nous propose Jeremy RIFKIN résulte la démocratisation de l’économie, permettant à chacun de baisser ses coûts marginaux, et donc les prix. Ainsi l’éolien et le solaire pourront prendre de l’ampleur et devront s’intégrer à des bâtiments à énergie positive (bâtiments produisant plus d'énergie qu'ils n'en consomment), déjà bien développés au Danemark et en Allemagne, et de manière balbutiante dans le sud de la France.

 

« Si vous avez des enfants et petits-enfants, conclut-il, vous ne pouvez ignorer la nécessité de changement des esprits pour un nouveau mode de fonctionnement. C'est une aventure planétaire, chacun doit y participer. Il est de la responsabilité des participants de ce congrès d'œuvrer pour une belle Terre.»

 


#2 World Women in Real Estate, BROAD, Cradle to cradle et économie circulaire

L'après-midi du premier jour commence avec la conférence du professeur d’économie américano-français Robert James OLIVER, véritable hommage aux femmes dans le domaine de l'immobilier, faisant notamment apparaître l'importance du travail en réseau. Le traitement et la situation toujours malheureusement inégale des femmes par rapport à leurs homologues masculins les a menées à créer, par exemple, un groupe Linkedin « World Women in Real Estate »   très actif. Il a également insisté sur la vocation du congrès FIABCI à favoriser les rencontres et les collaborations.

 

Le mot d'ordre environnemental est fort et la deuxième journée s'ouvre avec la conférence en langue chinoise de Zhang Yue, président du groupe BROAD, leader international des technologies détenant plus de 200 brevets mis au service de l'économie d'énergie et de la lutte contre la pollution. Les bâtiments érigés sont équipés de systèmes de purification d'air très peu énergivores, mais aussi d'isolation très performante. Le développement dans les pays occidentaux est encore timide, la demande n'étant pas suffisante et les normes étant très contraignantes.

Zhan Yue déplore que les chinois ne soient pas assez sensibilisés au souci écologique lors d’une construction, préférant privilégier l’esthétique à l’isolation. Les deux doivent être possible!

 

Dans son exposé intitulé « Building like trees – cities like forests », Le Professeur allemand Michael Braungart dépeint le système qu’il a développé avec William Mc Donough « cradle to cradle », du berceau au berceau. S'opposant au traditionnel « berceau à la tombe », il met en place un réseau d'entreprises œuvrant pour le zéro déchet, recyclant à l'infini les résidus d'une entreprise à l'autre, économisant ainsi des billions d’euros.

Il cite de nombreux exemples d'aberrations du mode de vie, comme par exemple les couches jetables représentant une montagne de déchets par enfant, le papier toilette extrêmement polluant pour l'eau, la consommation de viande de bœuf étant non seulement la moins saine d'un point de vue de la santé, mais aussi la moins écologique ...

 

L’après-midi du 21 mai était consacré à la finance et aux taxes, avec un exposé de Nicolas Mackel, directeur général de Luxembourg for finance, suivi de différentes sessions « workshop».

 

A lire: Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini de W. Donough et M. Braungart

#3  l’architecte Rudy Ricciotti : Low tech, environnement ...

Jeudi matin, les quelques français présents ont pu penser voir Jacques Higelin en personne, et ils ne se trompaient pas complètement car au-delà de la ressemblance physique, l’Architecte conférencier français Rudy Ricciotti montre également une verve percutante, pour le plus grand bonheur de l'auditoire. Même le Grand Duc du Luxembourg était là pour écouter l'architecte-artiste créateur du MUCEM à Marseille  et de l'extraordinaire section des Arts de l'Islam du Louvre. Adepte du Low-Tech, il milite pour « l'architecture du sentiment ». Il définit les ingénieurs comme les poètes de demain, relayés par le savoir-faire et la ténacité des artisans dont le bonheur de faire est au service de la réalisation du rêve de l'architecte. La délocalisation de la production de la matière première amenant du chômage ainsi que la perte des précieux métiers, mais aussi un lourd impact environnemental. Le stade Jean Bouin (Paris) est un exemple de réduction importante de l'empreinte environnementale dans une construction en béton, créant de plus des emplois locaux.

Ennemi du minimalisme et de l'art conceptuel, son architecture est grandiose, légère, vivable et vivante !

 

Dans le forum suivant la conférence l'architecte a fustigé la «bureaucratie fascisante», ralentissant et étouffant parfois les projets, « répandant sa nuisance avec pour objectif le renouvellement de son territoire existentiel sur le dos de la cité (…) et de ceux qui la vivent» et n'ayant pour autre objectif que le justification même de son existence dans une croissance exponentielle. A l'instar de Zhang Yue, il avance que les normes concernant les constructions, parfois peu adaptées à la réalité, sont souvent un frein important.  Trop souvent basées sur une obligation de moyens, ne faudrait-il pas mieux les indexer sur une obligation de résultat ?

L’architecture est un sport de combat – Rudy Ricciotti

#4 L'écologie, préoccupation centrale du FIABCI

De Rudy Ricciotti, anti-technologique auto proclamé à Zhang Yue, leader international en la matière, mais aussi Michael Braungard ou Jeremy Rifkins prônant entre autres l'économie et l'efficience de l'énergie dans une gestion intelligente tout au long des chaînes de fabrication, les voix concordent dans le sens d'une changement d'attitude indispensable de notre société et des constructions, quelles qu'elles soient. Cela passe par exemple de façon indispensable par une réduction des exigences confort. Un exemple criant sont les « bâtiments frigos », à savoir la fâcheuse habitude de climatiser les locaux à 20 °C en été, obligeant les occupants à s'habiller plus chaudement pour y rentrer ! Augmenter cette température apparaît comme incontournable, et bien d'autres domaines devraient subir des changements.

 

Comme le souligne Paul James (Global compact cities), la mise en place de constructions écologiques et économiques, ce qui est loin d'être antinomique mais reste encore à construire pour devenir la norme, ne peut se faire sans la mise en place de partenariats (agents immobiliers, courtiers, promoteurs, techniciens et industries innovantes)

La volonté politique peut et doit également donner une impulsion forte dans cette direction. C'est ainsi que le Milwaukee, sur les bords du lac Michigan,  a profondément transformé en 5 ans sa gestion de l'eau : économie, récupération d'eaux usées etc.

Dans la même conférence Marco Jeffrey propose une solution de la purification de l'air des villes par les espaces verts.

 

La promotion immobilière doit prendre en compte la dimension économique, culturelle, économique et politique.

 

Pour finir l’assistance a pu assister à la passation de présidence couronnée par un diner de clôture haut en couleurs illuminé par un coucher du soleil inoubliable.

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compte-rendu officiel FIABCI
Un Congrès Mondial réussi pour la FIABCI
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